L’année 2017 se termine et avec elle le travail mené par le Conseil Economique Social et Environnemental « Vers la Démocratie Culturelle ». Le CESE qui regroupe les représentants de la société civile organisée s’est penché avec passion sur ce sujet et les débats ont été riches et francs. C’est maintenant au tour de toute la société de s’emparer de ce travail et en tout premier lieu aux associations.
L’exigence démocratique qui s’impose aujourd’hui dans notre pays nous engage à chercher des solutions. Faire que chacun ne soit plus consommateur de culture mais acteur de la culture, c’est l’une des solutions pour laquelle militent les associations culturelles. S’engager dans la vie de la cité par la culture, c’est déjà s’engager dans la vie de la cité !
La culture est émancipatrice en ce qu’elle inscrit l’homme à la fois dans son passé, son présent et son avenir. Comment savoir où nous voulons aller tous ensemble, si nous ne savons ni d’où nous venons, ni où nous sommes ? Non, la culture n’est pas qu’un supplément d’âme !
Longtemps, nous avons cru dans le progrès constant des politiques culturelles. L’une chassant l’autre, chacune apportant développant ou tentant d’améliorer un point. Mais aujourd’hui, ce n’est plus la question. Au contraire, il faut à l’heure de l’affirmation des droits culturels re-questionner les politiques culturelles, pour les pousser plus loin en les mettant en cohérence les unes avec les autres.
L’espace culturel est un espace démocratique. Parce que les membres les plus faibles de notre société ont le droit à la même attention et au même respect que les autres. Un lien étroit unit culture, protection des plus faibles et dignité humaine. La culture, le droit à la culture, tout comme les droits économiques et sociaux sont des attributs essentiels de la dignité humaine, et ils permettent directement la possibilité d’une vie décente. Le droit de participer à la vie culturelle est-il un droit accessoire ? C‘est en tout cas un droit essentiel au regard de la dignité humaine. Etre acteur de la vie culturelle, en ce que cela implique d’autonomie et de responsabilité de la personne, mais aussi de partage d’un langage commun, permet de renforcer le lien social et de donner du sens à nos vies.
Si les politiques culturelles sont replacées dans la perspective de l’idéal démocratique, alors elles sont fondées sur la justice, l’égalité. Et le débat entre élitisme, exigence, culture descendante, tombe de lui-même. L’exigence de l’existence d’une politique publique de la culture devient simplement une exigence de justice. Les droits culturels n’annihilent pas les ambitions de la démocratisation culturelle, au contraire, ils la refondent. Ils ne fragilisent pas la démocratie, ils la renforcent.
Il ne saurait y avoir de démocratie sans culture. Aborder la question de la démocratie culturelle conduit à interroger la notion de « droits culturels ». Leur contenu et leur définition ont évolué au fil du temps et des textes. Ils englobent essentiellement trois domaines, dans le respect de la diversité culturelle : la liberté de création et de diffusion ; le droit de participer à la vie culturelle ; le droit de participer à l’élaboration des politiques culturelles.
Participer à la culture, à la construction du sens, à la construction de soi. Participer à l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques culturelles concourt bien à l’élaboration des fondements de la vie politique et contribue ainsi à rendre vivante la démocratie, en renforçant la liberté, l’égalité, la lutte contre les exclusions mais aussi en confortant l’inclusion et la cohésion dans notre société.
Passer d’une culture « pour tous » à une culture « avec tous » ; permettre à chaque individu, à travers la culture, de s’interroger sur le sens de l’intérêt général ; redonner à chacun – par la pratique, l’appréciation ou l’exposition culturelle – la conscience qu’il n’y a qu’ensemble que nous pouvons faire société (comme l’entendait Jean Vilar, avec toute la société), déployer la culture dans toute sa diversité, de ses esthétiques et de ses champs… tels sont les enjeux du travail que nous devons poursuivre tous ensemble.
Je tiens à remercier tous ceux d’entre vous qui ont contribué à ce travail, merci pour votre énergie, votre confiance, votre soutien, votre passion pour la culture !
En ces temps de difficultés budgétaires pour nos associations et nos projets, je ne doute pas que notre cohésion pourra vaincre bien des résistances et des découragements. Parce que le monde politique commence à réaliser que la Culture ne pourra réellement se déployer qu’avec l’action de tous et au premier rang, celle de nos associations, parce que le temps de la culture n’est pas à l’échelle des mandats politiques, l’année qui nous attend est un véritable défi que nous relèverons résolument et avec la bienveillante énergie qui ne nous fait jamais défaut parce qu’elle est collective.
Marie-Claire Martel
Présidente de la COFAC